Le réemploi, la meilleure option?

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En 2013, un expert en sécurité alimentaire de l’Université de Guelph affirmait que les contenants de plastique réutilisables (CPR) utilisés pour le transport des aliments d’un océan à l’autre contenaient tous les

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ingrédients d’une « recette pour un désastre »[1]. L’affirmation a fait les manchettes, même après les mises en garde du professeur Keith Warriner, aussi directeur du programme de sécurité alimentaire et d’assurance qualité de son université, qui a tenu à préciser que l’échantillon utilisé pour en arriver à cette conclusion était de petite taille. Aujourd’hui, après une seconde étude fondée sur un échantillon élargi, il s’en tient à sa position.

L’échantillon se compose cette fois de 160 CPR prétendument propres destinés aux producteurs agricoles de l’Ontario et du Québec. Il s’avère qu’une proportion anormalement élevée des contenants se trouvait dans un état sanitaire déplorable. En fait, la situation s’est aggravée depuis l’étude de 2013. Entre autres indicateurs de sécurité alimentaire, la prévalence est particulièrement préoccupante. L’équipe du professeur Warriner a détecté la présence d’E. coli sur les surfaces de 13 % des contenants analysés. Si la plupart des souches d’E. coli sont inoffensives, certaines peuvent causer des crampes d’estomac graves, de la diarrhée et des vomissements. Parmi les complications d’E. coli 0157:H7, on note l’insuffisance rénale[1]. Ce qu’il faut surveiller, c’est surtout les facteurs de risque.

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Le film plastique prouve que les contenants proviennent de la station de nettoyage.

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Vieille étiquette « Choux de Bruxelles, produits du Mexique ».

Près de la moitié des contenants trouvés dans les fermes (43 %) ont échoué aux tests sanitaires. Environ 73 % dépassaient la charge bactérienne prescrite, 51 % ont échoué au test détectant la présence d’entérobactériacées et 35 % au test détectant la présence de coliformes. Les résultats montrent aussi une différence marquée entre les contenants de l’Ontario et ceux du Québec, suggérant que les contenants du Québec ont été rincés sur place, allant de la ferme au détaillant vers une autre ferme québécoise, au lieu d’être acheminés vers la station de nettoyage la plus proche, une étape cruciale du système de consignes. Environ 10 % des contenants étaient visiblement sales, ou souillés de matière organique, et 30 % portaient encore de vieilles étiquettes[3].

Un porte-parole de l’entreprise de nettoyage des contenants de plastique, IFCO, affirme que « le processus de nettoyage détruit 99,5 % des bactéries » et que « chaque CPR est nettoyé, désinfecté et séché à l’air sans faute »[4]. C’est sans doute vrai. N’empêche, le cycle de réemploi présente des failles à plusieurs les niveaux, qui semblent empêcher la livraison de contenants salubres. La présence de bactéries comme E. coli relevée lors des derniers tests devrait notamment alarmer Loblaws, qui se présente comme le plus grand promoteur des contenants de plastique réutilisables du Canada.

Quels sont les normes et les tests microbiologiques en vigueur au Canada? Où se trouve la limite entre la salubrité et la non-salubrité? Comment se fait-il qu’un contenant, prétendument décontaminé dans une station de nettoyage, présente un taux si élevé de bactéries? Qui surveille les aller-retour des contenants aux États-Unis et au Canada? Les contenants utilisés au Canada retournent-ils effectivement aux États-Unis pour être nettoyés en profondeur, ou bien sont-ils rincés à la va-vite sur place avant de passer à la ferme suivante? La population canadienne a elle aussi de quoi s’inquiéter.

 


 

[1] « Loblaw et IFCO ont besoin d’assainir leurs pratiques », blogue du CEEPC, octobre 2013.

[2] Fiche signalétique sur E. coli, publiée en ligne par l’Agence de la santé publique du Canada [http://www.phac-aspc.gc.ca/fs-sa/fs-fi/ecoli-fra.php].

[3] Le communiqué « Contenants alimentaires non salubres : de mal en pis » est accessible ici et l’étude du professeur Keith Warriner, en anglais seulement, est accessible en cliquant le lien Microbiological Standards for Reusable Plastic Containers within Produce Grower Facilities within Ontario and Quebec. Les études de 2013 et 2014 ont été commandées par l’Association canadienne du cartonnage ondulé et du carton-caisse (ACCC). Le CEEPC en est l’organe responsable pour ce qui touche les questions environnementales. Afin de protéger les intérêts commerciaux des fermes qui se sont prêtées aux tests, on a gardé confidentielle la liste des fermes visitées.

[4] Publireportage « Five Things you Need to Know » publié par IFCO RPCs and Food Safety, p. 4.

John Mullinder

Executive Director Paper & Paperboard Packaging Environmental Council (PPEC)
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