On entend et on voit souvent des commentaires sur la mort du papier ou sur son remplacement par d\’autres matières. Ce n\’est pas ce à quoi on assiste, enfin pas de la manière que bien des gens imaginent.
Si le poids du papier qui entre dans les foyers de l\’Ontario, par exemple, a diminué de 8 % entre 2003 et 2014,((Analyse du CEEPC à partir des données de 2013 et 2014 d\’Intendance Ontario sur le programme des boîtes bleues. Les analyses du CEEPC sur la fabrication, le recyclage, les coûts nets et les frais relatifs aux programmes de responsabilité élargie des producteurs pour toutes les matières dans l\’ensemble du Canada sont offertes aux membres sur demande.)) c\’est en partie en raison de l\’allègement des produits de papier qui est survenu au fil des ans; les pages des journaux et des magazines sont plus étroites, le nombre de rabats et de couches d\’emballage diminue et les emballages se resserrent autour des produits. L\’apparition de carton plus léger à haute performance ou à microcannelures a aussi fait évoluer une partie de l\’usage du cartonnage. Qui aurait pu prédire, par exemple, que les hamburgers seraient un jour servis dans des boîtes de carton ondulé léger! Remarquez bien les ondulations distinctives de ce type d\’emballage la prochaine fois que vous irez dans une chaîne de restauration rapide.
Le fait de mesurer la production au poids, bien entendu, ne donne qu\’une image partielle de ce qui se passe sur le marché, où ce sont le volume et les ventes qui comptent. Mais il s\’agit quand même d\’un indicateur utile de ces forces du marché en mutation. Le papier imprimé (particulièrement les journaux), par exemple, a accusé un grand coup de la part de ses concurrents électroniques. Le poids des journaux qui aboutissent dans les foyers ontariens a diminué de 21 % au cours de cette période, celui des magazines et des catalogues de 25 %, le poids des annuaires de téléphone a subi une diminution faramineuse de 47 % et celui les autres papiers imprimés a diminué de 7 %.
On entend surtout parler du déclin du papier, mais ce n\’est qu\’une partie de l\’histoire, car pendant que la production de papier diminuait de 20 %, l\’utilisation des emballages de papier augmentait de 16 %, ce qui annule pratiquement la variation de la part globale du marché détenue par le papier. En fait, pour la première fois en Ontario, la quantité d\’emballages de papier et de carton (ondulé ou non) qui s\’est retrouvée dans les foyers a dépassé celle des journaux. Donc les produits de papier, qu\’il s\’agisse d\’imprimés ou d\’emballages, représentent toujours les deux tiers du poids des matières recyclables sèches domestiques en Ontario.
Les deux principaux types d\’emballages domestiques (le carton et le carton ondulé) connaissent des hausses respectives de 27 % et 9 %, et le petit marché des cartons à pignon et des contenants aseptiques fait aussi des gains substantiels (hausses de 24 % et 118 %).
Lorsqu\’on considère ces deux changements dans leur ensemble (la décroissance des imprimés et l\’essor des emballages de papier et de carton), on se retrouve plus ou moins devant un statu quo, bien que la tendance au sein du groupe du papier se dessine clairement. De plus, on s\’attend à ce que de plus en plus d\’emballages de papier et de carton (surtout ondulé) se retrouvent dans les foyers à mesure que le commerce électronique s\’intensifie au Canada. La bonne nouvelle? La majeure partie de ces emballages sont déjà fabriqués à 100 % à partir de matières recyclées et ils seront presque tous (98 %) récupérés pour être recyclés de nouveau.