Le secteur de l’emballage de papier souhaite que les boîtes de carton ondulé soient bannies des sites d’enfouissement. Deux provinces ont déjà fait le pas, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard, mais les autres, y compris Manitoba, l’Ontario et le Québec, en sont encore aux pourparlers. Il est grand temps d’agir!
Les écobénéfices d’une telle mesure sont évidents. Le fait de bannir le vieux carton ondulé (OCC) des sites d’enfouissement de l’Ontario aurait pour effet une réduction des émissions de méthane et de monoxyde de carbone allant jusqu’à 175 000 tonnes par an, ce qui équivaudrait à retirer 33 000 voitures de la circulation ou à éliminer les émissions de CO2 de 70 000 maisons. Cette mesure s’inscrit parfaitement dans la nouvelle politique de l’Ontario sur les changements climatiques et, si elle était mise en œuvre, démontrerait la bonne volonté de la province dans le dossier de la récupération des déchets et des ressources.
Le fait de bannir ces matières endiguerait en partie la crise des sites d’enfouissement. En effet, 80 % des dépotoirs ontariens seront remplis au maximum de leur capacité dans un horizon de quinze ans. Selon une estimation prudente, on pourrait ainsi générer entre 200 et 300 emplois.La mesure, si elle était élargie à d’autres types de papier conçus pour l’impression ou l’emballage, aurait une portée maximale.
Les produits de papier sont des candidats parfaits : après les matières dangereuses et les matières organiques, c’est leur tour. Si les provinces hésitent à bannir tous les types de papier, elles pourraient s’attaquer d’abord au cas du vieux carton ondulé pour un projet pilote. Le carton ondulé est recyclé depuis des décennies à un taux qui atteint aujourd’hui 85 %. Le système des boîtes bleues ontarien réussit à récupérer 93 % du papier résidentiel((Données de 2013 de Stewardship Ontario. Les ventes de vieux carton ondulé rapportent plus au programme des boîtes bleues de l’Ontario que toute autre matière d’emballage)). N’empêche, environ 200 000 tonnes de papier issu d’usages industriels et résidentiels se retrouvent chaque année dans les dépotoirs de l’Ontario ou du Michigan.
Il va sans dire que le papier n’a rien à faire dans un dépotoir. En Ontario, toutes les usines de fabrication d’emballages de papier sans exception utilisent des boîtes de carton ondulé comme matière première. Ces vieux cartons proviennent d’usines, de supermarchés, de bureaux ou du système des boîtes bleues. Les emballages de carton fabriqués au Canada contiennent pour la plupart 100 % de matières recyclées((Huit usines de fabrication d’emballages de papier se trouvent sur le territoire ontarien. Sept produisent du carton recyclé à 100 %, et la huitième du carton recyclé à 60 %.)). Les usines d’ici doivent toutefois importer du vieux carton des États-Unis pour combler le manque à gagner en vieux carton.
Alors qu’attend l’administration publique ontarienne? La décision de bannir les matières organiques des dépotoirs a certes un effet considérable sur les émissions de GES, plus que pour le carton ondulé, mais il faut attendre cinq ans avant que les infrastructures nécessaires soient en place, alors que de telles infrastructures existent déjà pour le recyclage du carton! Si entretemps rien n’est fait pour bannir le carton des sites d’enfouissement, c’est plus d’un million de tonnes de vieux carton qui sera perdu, alors que les usines de l’Ontario en feraient bon usage, sans compter la perte d’au moins 100 millions de dollars en revenus pour les fournisseurs de matières recyclées, la crise imminente des dépotoirs et près de 900 000 tonnes superflues d’émissions de gaz à effet de serre.
Peu importe si la solution implique une interdiction d’enfouir le carton ondulé dans les sites d’enfouissement ou des redevances imposées aux gestionnaires de sites, aux municipalités ou aux entreprises consommatrices de carton. L’important, c’est de sortir le carton de là!