Lorsque l’Ontario a fait paraître il y a six mois la version définitive de sa stratégie sur les déchets, la question du futur financement du populaire programme des boîtes bleues de la province était loin de faire partie des priorités. La détermination des rôles et des responsabilités des municipalités et de l’industrie, sans compter le problème épineux des contrats et des actifs inutilisables, était vue comme tellement compliquée et délicate sur le plan politique que le ministère de l’Environnement et de l’Action en matière de changement climatique se donnait jusqu’en 2023 (ce qui offrait une marge confortable après les prochaines élections provinciales) pour mener à bien sa transition vers la responsabilité individuelle des producteurs et le paiement par l’industrie à 100 %.
Le ministère veut maintenant un nouveau plan pour février! Qu’est qui a changé? La popularité des libéraux au pouvoir a commencé à baisser dans les sondages d’opinion publique et les décideurs de l’industrie et des municipalités ont eu peur non seulement de perdre une belle occasion d’aller de l’avant, mais aussi que l’arrivée en 2018 d’un gouvernement portant d’autres couleurs politiques provoque des retards inévitables et risque d’effriter l’heureux climat de bonne entente qui règne actuellement.
Il faut reconnaître que les décideurs des municipalités et de l’industrie ont tenu des rencontres au cours des derniers mois et concocté un accord, avec la bénédiction silencieuse du personnel du ministère. En juillet, il ont demandé au ministre Glen Murray d’opter pour leur plan de transfert des obligations légales et des responsabilités des municipalités de la collecte et de la gestion des boîtes bleues aux gestionnaires de l’industrie (titulaires de marques et autres intervenants ayant un lien commercial avec la fourniture de papier et d’emballages imprimés en Ontario). Cela se ferait suivant un plan modifié sur les boîtes bleues qui permettrait aux municipalités d’offrir ou non des services de cueillette et de participer à la transformation des matières recyclables recueillies dans les boîtes bleues.
Le nouveau ministre, Chris Ballard, a sauté sur cette offre en août et a demandé au nouvel Office de la productivité et de la récupération des ressources et à Intendance Ontario de préparer une proposition d’amendement au plan sur le programme des boîtes bleues orienté vers la responsabilité des producteurs individuels. Bien entendu, il n’a pas pu résister à l’envie d’ajouter quelques directives au moyen d\’un addenda à son approbation.
Le plan amendé devra (et non pas pourrait) « comprendre des moyens de décourager l’utilisation de matières difficiles à recycler et qui ont un faible taux de récupération » (plastiques, tenez-vous-le pour dit), augmenter l’objectif de récupération à 75 % pour les matières fournies par les gestionnaires dans les municipalités où Intendance Ontario se charge de la collecte et la gestion du papier et des emballages imprimés (le taux de récupération dans les boîtes bleues est actuellement de 64 %), et « établir des cibles de gestions spécifiques pour les différentes matières ». Nous ne comprenons pas trop la différence les objectifs de gestion et les objectifs de récupération spécifiques pour les différentes matières, mais on peut supposer que nous le saurons bientôt.
Si tout se passe bien, l’Ontario disposera d’un nouveau plan sur les boîtes bleues en février ou mars, et les libéraux pourront dire pendant leur campagne électorale qu’ils ont (encore) sauvé les boîtes bleues! La politique n’est-elle pas une bonne source de divertissement?