La Chine ne veut plus être la poubelle du monde

Comment pourrait-on blâmer les Chinois? Depuis des années, le monde entier envoie toutes sortes de déchets en Chine afin de les faire trier, transformer et réexpédier sous forme de nouveaux produits. La faiblesse des salaires et le laxisme en matière d’environnement ont profité à toutes les parties prenantes de cette opération commerciale (et peut-être même aux travailleurs chinois pour qui un emploi vaut mieux que rien).

L’un des signes précurseurs de changement est apparu en 2013 lorsque la Chine a lancé son « Opération barrière verte » pour limiter les importations de déchets. Des gens sans scrupules expédiaient plus d’ordures que de ressources. Plus récemment, Pékin a lancé le programme « Épée nationale » de lutte contre les activités de contrebande. Puis la semaine dernière, la Chine a causé des remous dans l’industrie mondiale du recyclage en annonçant qu’elle interdira l’importation de certains déchets à partir de la fin de l’année.

« Afin de protéger les intérêts environnementaux de la Chine et la santé de ses citoyens, nous ajustons de toute urgence notre liste d’importation des déchets solides et interdisons l’importation des déchets solides très pollués », peut-on lire dans la notification adressée par la Chine à l’Organisation mondiale du commerce. Même si les déclarations générales de la Chine contiennent peu de détails sur les différents plastiques, papiers mélangés, textiles et autres matières, l’annonce elle-même a eu un fort impact.

L\’Institute of Scrap Recycling Industries (ISRI), qui regroupe les acteurs américains du secteur, a qualifié cette nouvelle initiative de potentiellement « dévastatrice » et « catastrophique » pour l’industrie du recyclage aux États-Unis. Le Bureau of International Recycling (BIR), association mondiale de l\’industrie du recyclage, a qualifié la nouvelle politique de « grave » et demande un plus long délai avant sa mise en vigueur.

Pour les Canadiens qui participent au commerce international du papier récupéré, le défi réside dans le fait que personne ne sait exactement ce qui sera banni. La Chine parle de « papier non trié » et de « plastiques mélangés. » Si on prend ces expressions au sens littéral, il n’y aura pas d’impact sur la plupart des fibres de papier actuellement exportées en Chine par le Canada. Le consortium Green by Nature, qui traite le contenu des boîtes bleues en Colombie-Britannique, par exemple, trie tout le papier domestique et n’expédie pas de déchets non triés provenant d’une source unique (ou de plusieurs sources) vers la Chine.

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« Si ce n\’est pas acceptable, affirme Al Metauro, chef de la direction de Cascades Récupération et partenaire du consortium, nous aurons un défi à relever. Ce ne sont pas les fibres domestiques qui poseront problème, mais plutôt la demande pour les vieilles boîtes de carton ondulé. Les usines chinoises comptent sur les importations et elles devront trouver des sources de remplacement pour les fibres domestiques. Par ailleurs, le gouvernement chinois pourrait aussi bannir les importations de vieilles boîtes de carton ondulé en raison de la mauvaise qualité de ce qui lui est envoyé. »

Metauro indique que le bannissement des « plastiques mélangés » aura des répercussions sur les opérateurs d’usines de récupération de matières qui ne font pas le tri du plastique, du verre et du métal recyclables (le flux de contenants). Selon lui, le défi sera plus grand pour les États-Unis, car actuellement de nombreux opérateurs de programmes américains expédient directement vers la Chine des déchets mélangés de la même source. En Colombie-Britannique, en revanche, tous les plastiques résidentiels sont triés et consommés localement.

John Mullinder

Executive Director Paper & Paperboard Packaging Environmental Council (PPEC)
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