Imposer des normes de contenu recyclé sur les emballages de papier n\’a aucun sens

\"John

 

Nous parlons seulement de l\’emballage à base de papier (pas des autres matières) et de la situation particulière dans laquelle nous sommes au Canada.  Mais pour nous, insister pour des niveaux minimums de contenu recyclé n\’a aucun sens.  Pourquoi?

  1. Ils sont contraires au cycle de vie du papier lui-même.  Les fibres à papier peuvent être recyclées autant que neuf fois avant qu\’elles ne deviennent trop courtes et trop faibles pour être utilisées.  À l\’instar de l\’espèce humaine, les fibres à papier s\’usent éventuellement et doivent être remplacées par une infusion de fraîcheur et de jeunesse.  On ne peut prendre de l\’âge sans un ajout de jeunesse.  Pour avoir de la matière recyclée, vous devez recevoir cette infusion de virginité quelque part dans la boucle afin de conserver la progression du cycle.

 

  1. Mandater un contenu de matière recyclée spécifique interfère avec ce cycle naturel.  Si on pousse le raisonnement à l\’extrême, une firme-conseil respectée a estimé que si un nombre important de gouvernements ou de détaillants ou propriétaires de marques exigeaient un contenu recyclé de 100 p. 100 pour les emballages de demain, le monde manquerait de fibre recyclée en quelques mois. [1]  Nous serions rapidement obligés de retourner à la forêt pour rencontrer la demande.

 

  1. Les fibres vierges et les fibres recyclées servent fréquemment à différentes fins d\’emballage. Les fibres vierges sont prisées pour leurs propriétés de résistance et elles sont, en outre, couramment utilisées en contact direct avec la nourriture et les boissons.  Il semble effectivement injuste de pénaliser un emballage en raison de la préférence absolue (et probablement non scientifique) de quelqu\’un en matière de contenu recyclé, alors que l\’emballage accomplit sa fonction d\’emballage spécifique avec compétence.

 

  1. Minimums multiples  Le scénario cauchemardesque pour l\’industrie, ce sont des seuils largement divergents qui n\’ont aucune relation avec l\’offre et la demande mondiale en fibre à papier (tant vierge que recyclée) et une tendance, dictée avant tout par la politique et les relations publiques, à jouer à saute-mouton pour dépasser le chiffre de quelqu\’un d\’autre.

 

  1. Il n\’y a aucune nécessité démontrée pour des minimums moyens de contenu recyclé pour l\’emballage de papier au Canada.  La moyenne globale est déjà de 76 p. cent, soit beaucoup plus élevée que ce que tout autre matériau d\’emballage n\’ait jamais atteint.  La majorité des usines de papier d\’emballage canadiennes, en fait, produisent déjà du carton à contenu recyclé de 100 p. 100 (voir le communiqué de presse du CEEPC et le document d\’information Comprendre le contenu recyclé) [2].

 

  1. Un tel « approvisionnement vert », comme on le nomme parfois, n\’ira pas en grandissant ou n\’encouragera pas les marchés de matières recyclées comme le carton ondulé ou le carton pour boîte.  Nous y sommes déjà.  Nous n\’en obtenons pas assez!  Le fait d\’établir un contenu de fibre recyclée plus élevé que celui atteint présentement (76 p. 100) signifierait simplement que les usines importeraient plus de papier et de carton usagé pour rencontrer le seuil minimum.  L\’augmentation de la capture au Canada à lui seul est improbable.

 

  1. Il est même douteux qu\’un contenu recyclé de 100 p. 100 soit nécessairement « écologiquement meilleur » que du carton vierge (alors que les facteurs énergétiques, biomasse versus combustibles fossiles, sont pris en considération.[3] 

 

  1. Non, nous pensons qu\’il existe des solutions de rechange plus pratiques à celle d\’imposer des niveaux de contenu recyclé minimums sur les emballages de papier.  En dépit du fait qu\’il n\’y a pas d\’exploitation forestière illégale au Canada, elle devrait être interdite partout où elle est pratiquée (la plupart du temps dans les pays tropicaux)[4].  De plus, toutes les forêts commerciales devraient être certifiées par des tierces parties sur le plan de la localisation responsable des sources d\’approvisionnement en matières fibreuses, et de préférence rencontrer des normes strictes en matière de chaîne de possession (comme c\’est le cas pour les usines du CEEPC)[5].   Et dans les cas où il est possible de le faire, les matières de papier parfaitement recyclables devraient être interdites dans les sites d\’enfouissement (une chose sur laquelle nous travaillons toujours)[6].

[2] Communiqué de presse du CEEPC et document d\’information du 25 juin 2013,  Comprendre le contenu recyclé.

[3] ibid. Comprendre le contenu recyclé

John Mullinder

Executive Director Paper & Paperboard Packaging Environmental Council (PPEC)
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