John Mullinder, Directrice exécutive
(Afficher des articles réguliers sur les questions d\’environnement et de durabilité incidence sur l\’industrie canadienne du papier d\’emballage).
Un système d\’étiquetage environnemental projeté pourrait conduire à des revendications industrielles d\’écoblanchiment
La Sustainable Packaging Coalition (SPC), dont le siège est aux É.-U., a transplanté une idée d\’étiquetage environnemental du Royaume-Uni dans un contexte nord-américain et elle encourage les sociétés canadiennes à la piloter. Malgré le fait que nous trouvions l\’initiative louable, il y a à notre avis un sérieux danger que les sociétés qui l\’adopteront se prêtent à une mascarade écologique.
Le problème réside dans l\’emploi actuel du mot « Recyclé » ou « Recyclage » dans les logos du SPC. Au Canada, comme aux É.-U., les réclamations au sujet de la recyclabilité des emballages gravitent autour de la question de l\’accès, à savoir : si le consommateur a accès au recyclage d\’une matière par le biais des bacs en bordure des rues, des dépôts, sites de stockage ou autres endroits. Les réclamations au sujet de la recyclabilité dans les deux pays n\’ont rien à voir avec le fait que cette matière soit envoyée réellement ou non au recyclage.
Alors, voici le problème. Les mots sur les trois pavés de catégories que le SPC a choisis (Largement recyclé, Recyclage restreint et Pas encore recyclé) ne mentionnent aucunement l\’accès. Mais ils impliquent que le recyclage s\’est effectué, ou s\’effectue, aux niveaux cités (au minimum 60 %, entre 20 % et 60 % et moins de 20 %).
Certains exemples de ce que donnent les résultats de cette approche peuvent être très tendancieux :
Exemple 1 : Au Canada, le Conseil des manufacturiers de cartons multicouches (selon un communiqué de presse en date de 2011) revendique « près de 94 % » d\’accès pour le recyclage de carton à pignon et de papier stérilisé (lesquels par conséquent, en vertu du modèle SPC, seraient en mesure de revendiquer d\’être « Largement recyclés »). Mais en fait, à tout le moins dans le programme de collecte sélective de l\’Ontario, le taux réel de carton à pignon et de papier stérilisé envoyé au recyclage en 2010 n\’a été que de 34 % et 12 %, respectivement. Ce n\’est pas exactement du « Largement recyclé », bien que nous reconnaissions que les chiffres d\’une seule province, malgré sa taille importante, on le convient, ne racontent pas toute l\’histoire.
Exemple 2 : Malgré le fait que l\’accès au recyclage du polystyrène au Canada soit en augmentation (ce qui le place dans le modèle SPC dans la catégorie « Recyclage restreint » entre 20 % et 60 %), son taux actuel d\’envoi au recyclage (en utilisant toujours les données ontariennes pour les résidences seulement) n\’a été que de 4 % en 2010 (la dernière année pour laquelle des données sont actuellement disponibles).
En vertu du modèle SPC, les deux exemples qui précèdent sembleraient des réclamations excessives, et elles brouillent effectivement la distinction cruciale entre accès et recyclage réel. En effet, les médias (et vraisemblablement les consommateurs) seraient totalement induits en erreur par le récent traitement dans les magazines Canadian Packaging et Canadian Manufacturing d\’un communiqué de presse de l\’ACIP sur l\’accès au recyclage des plastiques. L\’ACIP a été méticuleuse en qualifiant ses déclarations avec le mot « accès ». Canadian Packaging, toutefois, a complètement escamoté les qualificatifs et a déclaré les chiffres d\’accès comme étant des chiffres de recyclage, dans son titre comme dans le texte. Si la presse du commerce de l\’emballage, qui devrait être au fait des questions d\’emballage, est incapable de dire les choses correctement, quel espoir reste-t-il aux consommateurs?
Un tableau décrivant les différences entre l\’accès au recyclage revendiqué ou présumé et ce qui a été réellement envoyé au recyclage est ci-joint à titre d\’information.
La solution semblerait être de simplement changer le libellé des pavés et du tableau de référence en incluant le mot « accès » comme ci-dessous :
De cette façon, il est très clair que nous ne parlons pas de taux de recyclage réel mais plutôt du fait que les consommateurs ont accès ou non à du recyclage pour une matière. Voilà ce autour de quoi seraient censées graviter les revendications de recyclabilité (l\’accès). La dernière chose que nous voulons, c\’est que l\’industrie soit accusée de mascarade écologique (encore une fois)!