C’est encore la faute de l’emballage (soupir)

Il ne fait aucun doute que certaines marchandises sont suremballées et qu’il y aurait moyen de réduire la quantité d’emballages de papier, de verre, de métal et de plastique qui se retrouvent dans les foyers des consommateurs. Mais même si l\’on continue à tout mettre sur le dos de l’emballage, ce n’est qu’un aspect de la question. Pour parler franchement, nous, les habitants des pays prétendument développés, mangeons, buvons et achetons beaucoup trop.

Le véritable enjeu, c’est la consommation, et non pas les emballages qui l’entourent. En tant que consommateurs, cependant, nous avons de la difficulté à limiter nos achats. C’est tellement plus facile de pointer du doigt les emballages qu’on laisse derrière.

Par exemple, une lettre anonyme adressée au rédacteur en chef du magazine Solid Waste & Recycling souligne le nombre croissant d\’emballages pratiques pour les fruits et légumes frais (sacs de plastique pour les poivrons, boîtiers de plastique pour les fines herbes, sacs de plastique à poignées pour les raisins). L’auteur(e) de la lettre se plaint du fait que ces emballages supplémentaires augmentent les coûts de traitement des déchets pour les municipalités. Il s’agit d’un argument raisonnable.

Par contre, il ou elle va trop loin selon nous en attaquant les emballages en général. « Nos flux de déchets sont remplis d’emballages inutiles qui pour la plupart ne sont ni recyclables ni compostables », peut-on lire dans la lettre.

Attendez une minute! Lorsque vous parlez des emballages de produits frais comme les poivrons, les fines herbes et les raisins, vous avez peut-être raison, même si nous pensons qu’on pourrait débattre de ce que « nécessaire » signifie vraiment.

Mais quand vous élargissez la question à l’ensemble des emballages, vous jetez tout dans le même panier. Si l’on met de côté le débat sur ce qui doit être considéré comme nécessaire ou non, on ne peut pas dire que les emballages ne viennent pas engorger nos flux de déchets de toutes parts. Selon l’enquête nationale la plus complète jamais menée sur les emballages, ceux-ci ne représentent que 13 % de l’ensemble des déchets solides[1]. Ça compte, mais on est loin de l’engorgement.

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Cette enquête a été menée par Statistique Canada pour le Conseil canadien des ministres de l’environnement (CCME)[2] et elle date certes d’une vingtaine d’années, mais il n’y a aucune raison évidente de croire que ce pourcentage serait très différent s’il était mesuré aujourd’hui. Certains (notamment le ministère ontarien de l’Environnement et de l’Action en matière de changement climatique)[3] affirment certes que ce pourcentage est plus élevé, mais ils changent le dénominateur en se basant sur une définition beaucoup plus restrictive des déchets solides.

C’est l’affirmation selon laquelle « la plupart ne sont ni recyclables ni compostables » qui nous fait réellement sursauter. Encore une fois, si l’auteur(e) parle de certains emballages de fruits et légumes frais en particulier, il ou elle a peut-être raison.  Mais la plupart des emballages utilisés au Canada sont recyclables[4] et ils sont en grande partie compostables, particulièrement lorsqu\’ils sont en papier. À savoir s’ils sont réellement recyclés et compostés, c’est là une autre question et un bon argument en faveur de la publication de nouvelles données nationales plus complètes et à jour.

 

 

[1] Blogue du CEEPC sur les logos de recyclage, etc. du 17 novembre 2014 (en anglais seulement).

[2] Blogue du CEEPC, Flash Infos du 25 mars 2014

[3] Blogue du CEEPC (Ontario) du 14 mars 2014 (en anglais seulement)

[4] Protocole national sur l\’emballage Rapport final

Posted in

John Mullinder

Executive Director Paper & Paperboard Packaging Environmental Council (PPEC)
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