Certaines des matières récupérées les moins performantes paient les frais les plus bas

Voici une histoire sur ce qui est recyclable, ce qui est envoyé au recyclage et les frais que les gestionnaires de toutes ces matières versent au système de boîtes bleues de l’Ontario. Dans ce qui semble être une perversion du principe du pollueur-payeur, certaines des matières les moins performantes se voient imposer des frais parmi les moins élevés.

Cette histoire comporte deux éléments. Premièrement, la plupart des matières actuellement recueillies dans les boîtes bleues en Ontario sont recyclables, d’après les lignes directrices du Bureau de la concurrence sur l’étiquetage et la publicité en matière d\’environnement. Cela signifie qu’au moins 50 % de la population ontarienne peut les recycler.

Mais le fait d’être recyclable (apte à être recyclé) et celui d\’être physiquement envoyé au recyclage sont deux choses bien différentes. Par exemple, plus de 99 % des ménages de l’Ontario ont pu mettre du papier d’aluminium dans leurs boîtes bleues en 2018, mais seulement 3 % de ce papier a été envoyé au recyclage. Il en va de même pour les pots de peinture en acier. Plus de 94 % des ménages étaient en mesure de les recycler, mais seulement 7 % d\’entre eux l\’ont fait. Dans le cas de la mousse de polystyrène, seulement 4 % en ont recyclé alors que plus de 60 % des ménages pouvaient le faire. Les écarts les plus importants entre le fait d\’être recyclable et celui d\’être envoyé au recyclage sont mis en évidence dans le tableau ci-dessous. Malheureusement, cette situation ouvre la porte à l’écoblanchiment : on s’assoit sur ses lauriers en affirmant qu’une matière est recyclable par les ménages, mais on ne pas fait grand-chose pour augmenter sa valorisation.

Par ailleurs, les droits que certains responsables de l’industrie versent dans le système des boîtes bleues sont loin d’encourager davantage la récupération de certaines des matières les moins performantes. Les responsables de la gestion du papier d’aluminium, par exemple, avec un taux de récupération de 3 %, ne paient que 133 $ la tonne. C’est seulement 20 $ de plus que les responsables des boîtes en carton ondulé, qui obtiennent un taux de récupération de 98 %! Les responsables des pots de peinture en acier, dont le taux de récupération n’est que de 7 %, paient encore moins cher (69,70 $ la tonne). Dans le cas de l’acier, les responsables des pots de peinture vivent aux dépens des responsables des boîtes de conserve en acier, qui paient le même montant.

Les droits, semble-t-il, devraient être davantage ciblés sur des matières précises au sein d’un groupe plus vaste. Et une partie de ce ciblage consiste à déterminer le véritable taux de recyclage d’une matière. Que retrouve-t-on dans les balles de matières parfois mélangées qui sont envoyées par les usines de récupération vers un marché final, par exemple, et dans quelle proportion les différentes matières qui composent cette balle finissent-elles par être recyclées?

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Les écarts actuels entre le rendement et les droits payés par les responsables illustrent le fait que la formule de financement du Programme des boîtes bleues de l’Ontario accorde beaucoup plus de poids au coût de la gestion des matières dans le système qu’à la promotion d’une meilleure performance environnementale. Ce n’est pas ce que l’ancienne ministre de l’Environnement, Leona Dombrowsky, a promis lorsqu’elle a présenté le nouveau Programme des boîtes bleues financé à 50 % par l’industrie lors d’une réunion des Manufacturiers et Exportateurs du Canada en 2004 : « Nous avons l\’intention d\’envoyer un message clair : en Ontario, les meilleurs acteurs sont récompensés par des mesures incitatives, tandis que les pollueurs paieront pour leurs actes. »

John Mullinder

Executive Director Paper & Paperboard Packaging Environmental Council (PPEC)
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