Une analyse des données des 10 dernières années sur les matières recueillies dans les boîtes bleues par les ménages de l’Ontario révèle une augmentation de 34 % de la quantité d’emballages en plastique qui se retrouve dans les maisons. Et la plupart de ces emballages (70 %) n’ont pas été envoyés au recyclage.
La principale augmentation concerne la catégorie fourre-tout des « autres » plastiques, comme les contenants de yogourt, les tubes de crème pour les mains, les contenants et les couvercles de margarine, les emballages-coques pour les jouets et les piles, les boîtes d’œufs et les seaux de détergent à lessive. La quantité d’« autres » plastiques domestiques a augmenté de 67 % entre 2010 et 2019. Il y a aussi eu une forte augmentation des tonnages de bouteilles en PET (hausse de 54 %) et surtout du plastique stratifié non recyclé (hausse de 30 %). Les autres matières qui ont connu des augmentations importantes au cours de la même période sont le carton aseptique (hausse de 46 %), le carton pour boîtes (hausse de 29 %) et le verre coloré (hausse de 25 %).
Ce qu’on voit moins maintenant dans les foyers de l’Ontario par rapport à il y a 10 ans, c’est du papier, beaucoup de papier : près de 200 000 tonnes. Il s’agit principalement des journaux qui ne sont plus publiés (leur production a diminué de 35 %), mais également des annuaires téléphoniques, magazines et catalogues et du papier d’impression et d’écriture, qui ont subi un dur coup (baisse de 87 %, 51 % et 23 % respectivement).
Ces changements dans les types de matières recyclables domestiques ont une incidence sur la quantité de matières récupérées pour le recyclage (le taux de récupération des boîtes bleues de l’Ontario a chuté sous la cible provinciale de 60 % pour la première fois depuis 2005) et sur le coût du système de recyclage. Par exemple, la plupart des emballages de papier et de carton sont recyclables et relativement peu coûteux à récupérer. Les emballages en plastique, cependant, ne sont pas du tout recyclés à grande échelle (seulement 31 % en 2019 comparativement à 68 % pour le papier) et ils coûtent deux fois et demie plus cher à recycler. Mais ce sujet mérite un blogue à lui tout seul!
En tant qu’admirateur de longue date du style mordant de l’animateur et auteur canadien David Suzuki, il est difficile pour moi de souligner trois erreurs majeures dans son dernier article d’opinion. Je le fais parce que son affirmation selon laquelle le papier ne fait pas l’objet d’une économie circulaire, et encore moins d’une économie durable, est totalement fausse et fondée sur des informations manifestement erronées.
Suzuki: three major errors
FAUSSE ALLÉGATION NO 1 : Une « partie importante de la forêt boréale [est] exploitée pour la production de papier hygiénique ».
C’est une exagération grossière, comparable à celles de Donald Trump. Il est absurde de prétendre qu’une « partie importante » de la forêt boréale est réduite en pâte* pour quoi que ce soit, et encore moins pour produire du papier hygiénique. Selon les estimations du Service canadien des forêts, seulement 0,16 % de la forêt boréale du Canada est récoltée chaque année. Oui, seulement 0,16 %. J’admets volontiers que je n’étais pas très fort en math au secondaire, mais je ne pense pas que 0,16 % puisse passer pour une « partie importante ». Sans blague, 0,16 %! [i]
D’autant plus que cette récolte se fait surtout pour le bois d’œuvre qu’on utilise pour construire des maisons, des hôpitaux, des écoles, etc. Ce qui reste (les copeaux, les rognures et la sciure de bois) est sûrement utilisé à d’autres fins (comme fournir de l’énergie à une scierie et à la collectivité locale ou fabriquer des produits de papier), mais le but premier de cette récolte est le bois d’œuvre, et non les produits papetiers. Par conséquent, lorsque personne ne construit de maisons (par exemple, en période de récession), les récoltes globales diminuent considérablement. [ii]
Il est plutôt difficile de calculer la part de la récolte boréale qui sert spécifiquement à fabriquer du papier hygiénique parce que les résidus de scierie qui sont utilisés sont par la suite transformés en papier, tant au Canada qu’à l’étranger, et en d’autres produits (papier d’impression et d’écriture, essuie-tout et même certains types d’emballage). Toutefois, en supposant que d’autres pays utilisent la pâte de la même manière que le Canada, l’Association des produits forestiers du Canada (APFC) estime que moins de 5 % de la pâte de bois produite au Canada et moins de 1 % de la quantité totale de bois récolté (pas seulement dans la forêt boréale) sont transformés en papier hygiénique chaque année. [iii]
Donc, cette affirmation exagérée selon laquelle « une partie importante » de la forêt boréale est « exploitée pour la production de papier hygiénique », eh bien, c’est de la foutaise. Et n’oublions pas qu’au Canada, la loi exige que toute zone récoltée soit régénérée avec succès après la récolte, que ce soit de façon naturelle ou artificielle par la plantation ou l’ensemencement d’arbres. Pour ce faire, le Canada plante plus de mille nouveaux semis à la minute. Cela me semble tout à fait circulaire.
FAUSSE ALLÉGATION NO 2 :« L’abattage de forêts jamais exploitées pour produire plus de papier hygiénique, de papier d’emballage et d’autres produits papetiers que nous recyclons à peine ne sera jamais circulaire, et encore moins durable. »
Suzuki, tout comme le groupe environnemental de Vancouver Canopy avant lui, est malheureusement mal informé au sujet de l’utilisation répandue des résidus de scierie et du papier recyclé au Canada. [iv] Je conviens volontiers que la majeure partie du papier hygiénique n’est pas recyclé après usage (pour des raisons évidentes), mais le Canada, en fait, a un bilan plutôt satisfaisant en matière de recyclagedes produits de papier usagés. Selon le World Business Council for Sustainable Development, le taux de récupération du papier en Amérique du Nord est de près de 70 %, soit l’un des plus élevés au monde. [v] Dans les enquêtes semestrielles de Statistique Canada sur le réacheminement des déchets, le papier arrive en tête de toutes les matières; il représente près de 40 % de l’effort total de recyclage du Canada. [vi] En ce qui concerne l’emballage, Suzuki ignore manifestement le fait que la plupart des emballages canadiens ne sont pas faits à partir d’arbres vierges.Ils sont majoritairement composés à 100 % de matières recyclées, ce qui est l’incarnation même d’une économie circulaire. Le taux de récupération des vieilles boîtes en carton ondulé dans les boîtes bleues de l’Ontario, par exemple, a atteint un taux incroyable de 98 %, quatre ans de suite. Avant de faire des affirmations aussi inexactes, assurez-vous de vérifier les faits.
FAUSSE ALLÉGATION NO 3 : « Le plan stratégique 2020 pour le secteur forestier de l’Ontario prévoit une augmentation de 35 % de la production de papier-mouchoir et de 25 % du papier d’emballage. »
Désolé, David, ce n’est pas le cas. Vous vous êtes trompé. Le plan stratégique pour le secteur forestier dont vous parlez fait mention de la demande mondiale de pâte à papier pour la prochaine décennie, et non pas de celle de l’Ontario. L’Ontario nous semble peut-être une grande province, mais elle n’a pas beaucoup d’importance sur la scène mondiale. [vii] En outre, si la production d’emballages venait à augmenter autant en Ontario, il s’agirait de toute façon d’emballages composés à 100 % de matières recyclées. Désolé, mais vous vous êtes complètement fourvoyé.
Rassemblez tous ces faits et l’argument fragile de Suzuki s’effondre totalement. En fait, de toutesles industries au Canada, c’est probablement celle du papier qui a le plus de chances d’être durable et circulaire. Contrairement à la plupart des autres ressources, celle que le papier utilise est renouvelable. Le Canada est aussi sans conteste le leader mondial en matière de forêts certifiées pour leur gestion durable. La plupart des usines canadiennes sont certifiées par un tiers indépendant pour la traçabilité (approvisionnement responsable) et l’industrie (surtout le secteur de l’emballage) est très active dans le domaine du recyclage et de la récupération du papier. Ensemble, ces facteurs font sans doute de l’industrie du papier l’un des exemples les plus importants et les plus réussis d’économie circulaire au Canada aujourd’hui. La prochaine fois, assurez-vous de bien vérifier les faits avant de vous prononcer.
N.D.T. Le verbe « pulped », qui signifie réduire en pâte, a été traduit par « exploitée » dans la version française de l’article de Suzuki.
[i] La surface forestière totale du Canada comprend quelque 12 écozones terrestres distinctes dont le taux d’exploitation varie, mais se situe en moyenne à environ 0,22 % dans l’ensemble (Rapport annuel sur l’état des forêts au Canada, 2019). La forêt boréale se trouve dans sept de ces écozones (la taïga des plaines, la taïga du Bouclier, le bouclier boréal, les plaines boréales, la taïga de la cordillère, la cordillère boréale et les plaines hudsoniennes). Bien que la forêt boréale occupe une grande superficie de la forêt totale (82 %), elle ne représente que les trois cinquièmes de la superficie récoltée, selon une analyse du Service canadien des forêts portant sur les années 2000 à 2015. Il s’agit de 453 600 hectares récoltés sur 285 millions d’hectares de forêt boréale (ou 0,16 %).
[ii] « Si le marché du bois d’œuvre subit un ralentissement comme lors de la récession de 2008-2009, alors rien ne sert de récolter des arbres. En fait, la récolte sur les terres provinciales pendant l’année de récession de 2009 a été la plus faible depuis 1990. » (Citation de Deforestation in Canada and Other Fake News de JOHN MULLINDER, d’après les données de l’Inventaire forestier national, tableau 6-2).
[iv] Plus de 90 % des matières premières utilisées par l’industrie canadienne des pâtes et papiers sont des résidus de scieries et du papier recyclé. Source : ROTHERHAM and BURROWS (2014). Improvement in efficiency of fibre utilization by the Canadian forest products industry 1970-2010. Forestry Chronicle 90 (66).
[v] WORLD BUSINESS COUNCIL FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT, Facts & Trends : Fresh & RecycledFiber Complementarity (2015).
[vi] STATISTIQUE CANADA, Matières réacheminées, par type, tableau 38-10-0034-01.
[vii] DUNCAN BRACK, Total Expected Growth in Global Forest Products Demand in Next Decade, UN Forum on Forests, avril 2018.
La volonté de délaisser les combustibles fossiles s’accélère, et c’est probablement le bois et le papier qui en bénéficieront le plus. Cela pourrait surprendre ceux qui observent une baisse marquée de la consommation de journaux et la disparition de la correspondance par la poste (vous souveniez-vous que ça existait?) Mais, en fait, même si la pandémie actuelle a sans aucun doute stimulé l’utilisation de boîtes ondulées pour livrer des fournitures à notre porte, les industries forestière et papetière canadiennes ne cessent de se réinventer depuis de nombreuses années.
Construction en bois massif. Pour ce faire, on utilise de multiples couches de petits morceaux de bois laminés et comprimés pour fabriquer de grands panneaux qui répondent aux exigences de sécurité et de résistance pour la construction de grandes structures. « Le bois a une capacité incroyable de stockage du carbone et si vous utilisez du bois pour faire quelque chose comme un bâtiment, vous stockez le carbone aussi longtemps que le bâtiment existe », explique l’architecte Michael Green, en ajoutant que le recours aux pratiques forestières durables est une chose acquise. Plusieurs grands bâtiments en bois ont maintenant été construits, dont un de 18 étages sur le campus de l’Université de la Colombie-Britannique.
Remplacement du plastique traditionnel. Les chimistes de l’Université McGill ont trouvé un moyen de convertir la cellulose des déchets de bois et de pâte de papier de l’industrie en ingrédients biodégradables à haut rendement qui peuvent surpasser les microplastiques, « une solution de rechange naturelle aux ingrédients minéraux, céramiques et artificiels », explique Mark Andrews, dirigeant principal de la technologie chez Anomera. Adieu aux microbilles de plastique utilisées dans les cosmétiques et les produits de soins de la peau.
Récupération du bois local. Un répertoire du bois urbain (Urban Wood Directory), créé par la Ville de Toronto, permet aux résidents et aux entreprises de la région de Toronto d’entrer en contact avec une vaste gamme de services de gestion de la forêt urbaine et de producteurs de bois locaux, allant des arboriculteurs aux concepteurs de mobilier. Par exemple, on peut trouver au Barnboard Store des planches et des poutres faites à partir de bois de grange récupéré ainsi que des meubles sur mesure, tandis que Century Wood se spécialise dans le revêtement de sol et Timbercraft récupère du bois de grange pour en faire des revêtements de sol et des meubles.
P.S. En ce qui concerne le renouveau et la revitalisation, le conseil de l’environnement que je dirige depuis près de 30 ans (soupir!) est à la recherche d’une personne pour assumer mon rôle (ou une partie de celui-ci). Ce n’est pas un adieu (encore), mais les années filent. Un jour, vous avez 40 ans, puis soudain vous en avez 50! Je souhaite consacrer plus de temps à mes propres affaires (l’écriture), mais je serai là (je l’espère) pour encadrer toute personne intéressée à prendre la relève. Donc si vous êtes énergique et entreprenant, et que vous aspirez à l’indépendance, aux responsabilités et aux défis, ce travail pourrait être fait pour vous.
Lettre ouverte à François Dufresne, président et chef de la direction de FSC Canada.
Monsieur Dufresne,
Je sais que le FSC est engagé dans une lutte à trois pour obtenir des parts de marché dans le domaine de la certification des forêts et du papier et que c’est dans le cadre de cette lutte que vous avez lancé récemment une nouvelle publicité vidéo destinée aux utilisateurs des emballages de papier et de carton.
En fait, en matière de publicité, ce n’est pas mal. Je vous félicite… sauf en ce qui concerne le gros mensonge, ou peut-être devrais-je dire l’impression totalement trompeuseque laisse la vidéo au sujet des emballages de papier et de la déforestation. Parce que votre publicité habile perpétue un mythe sur les pratiques forestières qui salit la réputation de l’ensemble de l’industrie canadienne de l’emballage.
La vidéo commence pourtant bien. Quelque « 70 % des consommateurs veulent que les emballages de leurs produits proviennent de sources responsables ». Je suis tout à fait d’accord et j’aimerais que ce pourcentage soit plus élevé. La bonne nouvelle, c’est que tous les membres du CEEPC détiennent déjà une preuve d’approvisionnement responsable, c’est-à-dire une certification de traçabilité par un tiers indépendant de l’origine de la fibre, qu’elle soit vierge ou recyclée.
Le salissage
Mais vient ensuite le salissage. « Le papier, le carton et le bioplastique […] peuvent être un résultat de déforestation ou de mauvaises pratiques forestières. » Peuvent-être? Qu’est-ce que cela signifie? Qu’ils pourraient l’être? Ou peut-être pas? Que voulez-vous dire au juste? Et où sont les preuves, les exemples, de ce lien que vous faites entre les emballages et la déforestation? Malheureusement, votre vidéo n’en fournit pas. La réputation de tout le monde est entachée.
Lorsque vous avez affiché votre publicité sur Linked-In, je vous ai mis au défi de donner des exemples précis de situations des arbres ont été récoltés pour fabriquer des emballages dans des forêts qui n’ont pas été régénérées par la suite. Parce que c’est la loi au Canada, comme vous le savez, monsieur Dufresne. Toutes les terres forestières provinciales (de la Couronne) qui sont récoltées doivent être régénérées avec succès par la suite, soit naturellement ou artificiellement (par la plantation d’arbres ou l’ensemencement direct).
Mais vous savez déjà tout ça. Vous l’avez reconnu lorsque vous avez répondu à mon deuxième commentaire sur Linked-In, et c’est affiché sur votre site Web : « La déforestation, le déboisement ou le défrichage est l’enlèvement d’une forêt ou d’un peuplement d’arbres lorsque le terrain est ensuite converti à une utilisation non forestière. » (Traduction libre, notre soulignement).
Les terres forestières
Dans quelle proportion les terres forestières du Canada ont-elles été converties à des usages non forestiers au cours de la dernière année pour laquelle des données sont disponibles? Selon Ressources naturelles Canada, on parle d’environ 37 000 hectares, soit seulement 0,01 %. Et dans quelle mesure l’industrie forestière est-elle responsable de la conversion des forêts en terres non forestières? Eh bien, ça représente un tout petit peu moins de 1400 hectares. Faites le calcul : cela signifie que le taux de déforestation de l’industrie forestière n’était que de 0,0004 %*. Oui, c’est trois zéros et un quatre après la virgule pour l’ensemble des industries de la forêt et du papier (bois d’œuvre, pâtes, papier journal, tout le monde).
Qu’en est-il de la contribution des emballages? Vous serez peut-être surpris d’apprendre, monsieur Dufresne, que pratiquement aucun arbre fraîchement coupé n’est utilisé pour fabriquer des emballages de papier et de carton au Canada. En fait, la plupart des boîtes et cartons fabriqués par les usines canadiennes contiennent 100 % de matières recyclées. Donc, essentiellement, ils ne sont responsables d’aucune déforestation. Nada. Alors, pourquoi dénigrez-vous l’industrie des emballages de papier et de carton du Canada et ses clients en avec de telles bêtises sur la déforestation? Pourquoi perpétuez-vous ce mythe? C’est inexact, malhonnête et cela porte atteinte à l’ensemble de l’industrie canadienne.
Oh non! Nous parlionsdes forêts du monde entier,dites-vous, en faisant référence à un article (écrit il y a plus de 10 ans!) sur les 10 pays qui ont les pires taux de déforestation au monde (dont le Canada ne fait pas partie, bien sûr). Je suis désolé, monsieur Dufresne, mais ce n’est pas suffisant. Vous avez affiché cela en tant que président de FSC Canada, et la vidéo est fièrement affichée sur le site Web de FSC Canada. Les gens seraient en droit de penser que vous parlez du Canada. Il n’en tient qu’à vous.
Si FSC Canada veut avoir la moindre crédibilité auprès de l’industrie des emballages de papier et de carton et de ses clients, je vous suggère fortement de supprimer immédiatement toute référence à la déforestation dans votre publicité. Et je serai parmi les premiers à vous féliciter pour votre honnêteté
Sincèrement,
John Mullinder
Directeur général, CEEPC
*En 2016, les forêts du Canada représentaient 347 millions d’hectares. De ce nombre, quelque 1 368 hectares (0,0004 %) ont été affectés par le Système national de surveillance du déboisement à la déforestation liée à la foresterie, principalement en raison de la création de nouvelles routes d’accès permanentes aux zones de récolte (Ressources naturelles Canada)..
La plupart des Canadiens ont du mal à croire que l’industrie forestière n’est responsable que d’une infime partie du déboisement au Canada et que le Canada a l’un des taux de déboisement les plus faibles au monde (0,01 %).
La confusion générale du public découle en partie de la définition du mot lui-même dans les accords internationaux. L’abattage d’un arbre ou d’une partie de la forêt, par exemple, ne signifie pas pour autant qu’il y a déboisement quand la récolte est suivie de la régénération de cette forêt.
Selon le droit canadien, les entreprises forestières doivent reconstituer ou réapprovisionner la ressource qu’elles ont récoltée par régénération naturelle ou artificielle (plantation et ensemencement d’arbres). Parce qu’elles le font, en remplaçant la forêt qu’elles ont récoltée, le déboisement net dont elles sont responsables est minime. En fait, le taux de déboisement de l’industrie forestière est proche de zéro (0,0004 %)*, principalement en raison de la création de nouvelles routes d’accès permanentes dont l’industrie a besoin pour atteindre les zones de récolte plutôt que de la récolte elle-même.
La faible contribution de l’industrie forestière au déboisement n’est pas une supposition. Les données proviennent du Système national de surveillance du déboisement (SNSD) très perfectionné mis sur pied par Ressources naturelles Canada et le Service canadien des forêts, qui utilise des photographies aériennes et des satellites (télédétection), ainsi que des observations faites directement sur le terrain par des scientifiques forestiers qualifiés. Les conclusions sur le déboisement du SNSD sont publiées chaque année dans un rapport sur L’état des forêts au Canada présenté au gouvernement fédéral.
ALLÉGATIONS MENSONGÈRES
Parlons d’abord des allégations mensongères. Un groupe environnementaliste de Toronto, la Wildlands League, a récemment affirmé que le déboisement annuel causé par l’industrie forestière de l’Ontario était plus de sept fois plus élevé que le taux déclaré de déboisement forestier dans l’ensemble du Canada.
Cette affirmation est fondée sur une étude de ce qu’on appelle les « jetées » dans 27 sites du nord-ouest de l’Ontario, en extrapolant ses conclusions au reste de la province. Qu’est-ce qu’une jetée? Essentiellement, il s’agit d’une toute petite zone où des arbres entiers sont parfois tirés de la souche jusqu’au bord de la route afin de pouvoir séparer les billes de bois commercialisables des déchets de bois. Selon la Wildlands League, ces résidus de récolte sont ensuite brûlés ou simplement laissés sur place pour qu’ils pourrissent. Le sol se compacte avec le temps, et la forêt se régénère peu sur ces sites.
Du point de vue statistique et de l’exactitude, il est problématique d’extrapoler à la superficie totale de récolte de l’Ontario les estimations issues de 27 sites d’étude dans une seule région. Sur la plupart de ces sites d’étude, ce sont des arbres entiers qui ont été récoltés il y a deux ou trois décennies, et on ne sait pas exactement dans quelle mesure ces méthodes d’exploitation forestière sont encore appliquées aujourd’hui. Et toutes les zones récoltées en Ontario ne sont pas des forêts qui n’ont jamais été récoltées auparavant. On ne devrait donc pas extrapoler les pertes forestières mentionnées dans l’étude à l’ensemble de l’Ontario, et surtout pas aux régions qui ont déjà un réseau routier.
Il est vrai, cependant, que bon nombre de ces jetées en Ontario ne sont pas en très bon état, comme le signale la Wildlands League. Les estimations actuelles des émissions et des absorptions de carbone dans l’atmosphère ne représentent pas adéquatement ce phénomène.
Mais la principale question au sujet des jetées est qu’elles ne sont pas incluses dans les estimations du déboisement,même si la Wildlands League aimerait qu’elles le soient. Les jetées se trouvent toujours sur des terres forestières. Elles n’ont pas été converties à des fins non forestières comme les terres agricoles, les projets pétroliers et gaziers, les réservoirs hydroélectriques, les sites d’extraction minière, les lotissements résidentiels, les stations de ski et les terrains de golf.
La Wildlands League a beau vouloir changer les définitions internationales du déboisement (on lui souhaite bonne chance!), mais sa véritable cible devrait être l’incapacité de régénérer la forêt où se trouvent les jetées, et cette responsabilité incombe directement à chaque province. Les provinces devraient faire appliquer les exigences de régénération des permis forestiers qu’elles ont accordés sur les terres provinciales (publiques).
Il est évidemment très important de réussir à régénérer la forêt, mais l’utilisation d’une mauvaise définition du déboisement (mot émouvant dans le meilleur des cas) ne fait qu’ajouter à la confusion du public. Pire encore, cela détourne l’attention de la nécessité de faire quelque chose au sujet des principales causes du déboisement au Canada que sont la conversion des terres forestières en terres agricoles, l’exploitation pétrolière et gazière, les nouvelles lignes électriques, les inondations liées à la création de réservoirs, l’exploitation des mines et des tourbières ainsi que le développement urbain municipal.
MANQUE DE RIGUEUR JOURNALISTIQUE
Parlons maintenant du manque de rigueur journalistique. La Wildlands League a présenté son étude au Globe and Mail, qui l’a ensuite présentée en première page en plus de publier à l’intérieur du journal un long article de deux pages accompagné de graphiques et de photographies. L’étude exprime son désaccord avec la définition de déboisement utilisée par le SNSD et critique le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario (MRNF) pour son inaction au sujet des jetées.
Toutefois, selon le personnel du Service canadien des forêts, le journaliste du Globe, Ivan Semeniuk, n’a interviewé aucun représentant du NDMS avant la publication de son article. L’article n’indique pas non plus que le ministère de l’Ontario a été contacté. Aucun représentant du MRNF de l’Ontario n’est cité dans l’article. Mais la Wildlands League et le Natural Resources Defense Council, un groupe environnemental américain, ont tous deux été interviewés et cités..
Nous avons donc ici un article important sur le « déboisement » et la régénération des forêts au Canada, mais le journaliste qui en est l’auteur ne s’adresse pas aux personnes responsables du suivi et de la résolution de ces problèmes. S’agit-il d’un reportage fait dans les règles de l’art où tous les aspects de la question sont examinés? En voilà du bon journalisme!
Il y avait aussi des indices évidents de biais potentiel dans le document de l’étude. Certaines des dépenses effectuées sur le terrain pour l’étude ont été payées par un fervent détracteur de l’industrie forestière du Canada, le Natural Resources Defense Council, et, ce qui est une surprise, par l’Association canadienne du ciment. Qu’est-ce que le ciment a à voir avec les questions forestières? Il se trouve que l’Association canadienne du ciment fait pression contre l’utilisation accrue du bois d’ingénierie, un substitut aux produits du ciment, lesquels ont une plus forte intensité d’émissions dans le secteur du bâtiment. Hummm…
Et puis, il y a ceci : « Les constatations sont particulièrement troublantes parce qu’une grande partie de la forêt ancienne du Canada continue d’être récoltée pour fabriquer des produits à usage unique, jetables, comme les papiers-mouchoirs, ou pour la pâte – des produits pour lesquels il existe d’autres sources. » C’est une revendication intéressante en soi, mais elle n’a rien à voir avec la régénération des jetées. Rien du tout. Les jetées existeraient, peu importe les produits de la forêt. Qu’il s’agisse du bois utilisé pour construire la maison du journaliste, son bureau, l’école de ses enfants, l’hôpital local ou de la pâte utilisée pour fabriquer du papier d’impression et d’écriture ou des papiers-mouchoirs.
Si le Globe veut s’attaquer sérieusement au déboisement au Canada, il devrait se concentrer sur sa cause principale, c’est-à-dire la conversion des terres forestières en terres agricoles. Les agriculteurs sont des gens bien qui nous fournissent des aliments locaux et qui se démènent pour gagner leur vie. Mais il se trouve qu’ils représentent aussi, collectivement, le plus grand groupe de personnes qui fait disparaître pour de bon la forêt canadienne. En fait, c’est huit fois plus que les industries forestière et papetière, qui sont souvent vilipendées.
Et comme Ivan Semeniuk est un journaliste « scientifique », pourquoi n’informe-t-il pas les Canadiens au sujet de certaines des choses vraiment emballantes qui se passent aujourd’hui dans le domaine des produits forestiers, comme la lutte contre les changements climatiques grâce à des bâtiments plus hauts en bois massif, les nouvelles utilisations de la lignine, la cellulose nanocristalline, les filaments de cellulose et les matériaux biocomposites?
Alors, voilà : des allégations mensongères et du journalisme bâclé ont semé la confusion dans le public. Le seul bon côté de cette histoire, c’est qu’elle a attiré l’attention sur l’état des jetées. Pourquoi ne pas créer des emplois en les nettoyant? Plantons-y quelques-uns des deux milliards d’arbres promis par Justin Trudeau. Il faut s’en occuper le plus rapidement possible.
* En 2016, les forêts du Canada représentaient 347 millions d’hectares. De ce nombre, quelque 1 368 hectares (0,0004 %) ont été attribués par le Système national de surveillance du déboisement au déboisement lié à la foresterie, principalement pour de nouvelles routes d’accès.
P.S. Je parlerai du déboisement au Canada et d’autres fausses nouvelles (le sujet de mon récent livre, Deforestation in Canada and Other Fake News) lors de la séance sur l’environnement de la Semaine annuelle du papier du Canada, à Montréal, le 4 février.
Une étude scientifique qui vient d’être publiée dans Food Control, une revue scientifique internationale avec comité de lecture, pose de sérieuses questions sur l’assainissement des caisses de plastique réutilisables (CPR) parfois utilisées pour distribuer des produits frais aux détaillants.
L’étude montre comment la salmonelle peut s’établir sur des CPR et survivre aux cycles d’assainissement généralement utilisés pour décontaminer les caisses entre les utilisations. La salmonelle qui survit au nettoyage est ensuite transférée des CPR aux fruits et légumes frais et vice-versa, ce qui met en évidence le potentiel de la contamination des caisses dans toute la chaîne d’approvisionnement.
L’infection à la salmonelle peut causer des vomissements, la diarrhée et la déshydratation chez l’humain et peut conduire à l’arthrite réactionnelle ou même entraîner la mort des hôtes les plus sensibles comme les jeunes, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées.
Les spécialistes de la sécurité alimentaire soupçonnent depuis longtemps l’existence d’un lien entre le lavage inefficace des caisses en plastique entre les utilisations et le transfert des agents pathogènes virulents comme la salmonelle, E. coli et la listeria aux fruits et légumes frais vendus au détail. Le risque de transférer des agents pathogènes dévastateurs, comme le virus du fruit rugueux brun de la tomate, d’une ferme à une autre est également un facteur de risque reconnu pour les CPR.
Déjà en 2013, le Dr Keith Warriner, scientifique de lʼalimentation à lʼUniversité de Guelph et auteur de cette dernière étude, avait découvert que des caisses sales et endommagées étaient réutilisées en Ontario et au Québec. Il laissait même entendre que certaines caisses étaient simplement passées rapidement au jet d’eau avant d’être envoyées directement de la ferme au détaillant, puis à une autre ferme plutôt qu’à l’installation de lavage la plus proche, comme il se doit dans un système de réutilisation des contenants. Une étude plus rigoureuse réalisée l’année suivante rapporte des observations encore pires, comme la présence d’E. Coli sur 13 % des caisses testées.
Les procédures de nettoyage habituelles de l’industrie ne permettent pas non plus de désinfecter les caisses complètement. Des recherches menées par le Dr Steven Ricke à l’Université de l’Arkansas ont démontré que des cellules de salmonelle demeuraient sur les caisses après leur nettoyage. Selon le Dr Ricke, les désinfectants peuvent difficilement atteindre les biofilms bactériens qui se nichent dans les fissures et les crevasses de la surface des caisses de plastique.
Dr’s Siyun Wang (University of British Columbia) and Warriner (University of Guelph) and their associates have now taken this research a step further, sampling more than 160 crates at grower/packer operations in three Canadian provinces (Ontario, Quebec, and British Columbia). Laboratory-based trials were undertaken to simulate the conditions under which Salmonella could persist and even grow on residues left by damaged produce.
Le Dr Siyun Wang, de l’Université de la Colombie-Britannique, le Dr Warriner, de l’Université de Guelph, et leurs associés ont mené cette recherche un peu plus loin en prélevant des échantillons sur plus de 160 caisses dans les installations de producteurs et d’emballeurs dans trois provinces canadiennes (Ontario, Québec et Colombie-Britannique). Des essais en laboratoire ont été réalisés pour simuler des conditions dans lesquelles la salmonelle pourrait persister et même croître sur les résidus laissés par des fruits et légumes frais abîmés. Les chercheurs ont ensuite simulé un cycle d’assainissement industriel typique (rinçage à l’eau suivi d’un lavage caustique et d’une douche assainissante à l’acide peracétique) pour voir si la salmonelle pouvait survivre à ce traitement. Elle a survécu. Les auteurs ont conclu que si la salmonelle est présente en quantité suffisante, elle peut survivre à l’assainissement et contaminer par la suite des lots de fruits et légumes lorsque les caisses sont redistribuées à un autre producteur.
« Ces résultats, combinés avec le statut sanitaire relativement faible des caisses réutilisables échantillonnées dans les installations des emballeurs et des producteurs, soulignent les risques pour la sécurité alimentaire représentés par la réutilisation des caisses. »
Pour un résumé de l’étude revue par les pairs (en anglais), consulter Food Control – V110. Le rapport complet se trouve ici.
Remarque : Le CEEPC, qui représente le secteur canadien des caisses en carton ondulé sur les questions d’environnement, a cofinancé ce projet de l’Université de Guelph dans le but de présenter tous les faits connus. Le système traditionnel de boîtes en carton ondulé pour l’industrie des produits agricoles prévoit une boîte neuve pour chaque livraison. Les boîtes sont recyclées à plusieurs reprises au cours de leur vie et doivent répondre à des normes strictes de contrôle de processus lors de leur passage à l’usine. Dans un processus typique de recyclage en usine, la température de la feuille de papier atteint de 220 à 240 °F, soit bien au-delà de 100 °C, qui représente le point d’ébullition de l’eau ou la température requise pour la stérilisation. Le processus de transformation implique également des températures élevées et d’autres contrôles d’hygiène. Le fait d’avoir une boîte neuve à chaque fois minimise le risque de transmission de pathogènes et de bactéries indésirables au consommateur. Une récente étude indépendante sur les boîtes en carton ondulé pour les fruits et légumes frais a montré que le processus de cannelage détruit les bactéries.
Une analyse comparative du cycle de vie revue par des pairs réalisée par Quantisen 2019 a montré que ni les caisses en carton ondulé ni les contenants en plastique réutilisables ne représentent un avantage dans les catégories d’impact environnemental étudiées. La situation dépend en grande partie des marchandises transportées, des distances de transport et d’autres variables.
Le taux de récupération domestique dans les boîtes bleues de l’Ontario a encore diminué pour atteindre son niveau le plus bas depuis 2005. Selon Intendance Ontario, le taux de récupération atteignait 60,2 % en 2018, ce qui est à peine supérieur à la cible provinciale prescrite.
Près des trois quarts de ce qu’on récupère actuellement sont constitués de différents produits de papier, comme c’était le cas en 2003 lorsque les « intendants » de l’industrie (les propriétaires de marques et les détaillants) devinrent légalement obligés de cofinancer le système des boîtes bleues. À l’heure actuelle, ce sont les emballages de papier et de carton qui obtiennent le taux de récupération global le plus élevé (72 %), suivis du papier imprimé (71 %), des bouteilles de verre (68 %) et des boîtes de conserve en acier (62 %).
Le papier et le carton continuent d’atteindre les taux de récupération les plus élevés pour les matières individuelles, soit 98 % pour les boîtes de carton ondulé, 89 % pour les magazines, 80 % pour les journaux et 75 % pour les annuaires téléphoniques. Le taux de 98 % de récupération des boîtes de carton ondulé est probablement dopé par les achats en ligne qui entrent dans le système.
Les emballages d’aluminium et de plastique continuent à traîner de l’arrière avec des taux de récupération respectifs de 30 % et 29 %. Les emballages de plastique représentent maintenant 43 % de ce qui est mis au rebut (par unité de poids). C’est aussi de loin la matière la plus coûteuse à récupérer. Par exemple, le coût net de récupération de la pellicule de plastique s’établit à 2 766 $ la tonne et celui des laminés de plastique à 2 733 $ la tonne, tandis que le coût net moyen pour les matières récupérées dans les boîtes bleues est de 346 $ la tonne.
Nous publierons bientôt une analyse plus approfondie des données les plus récentes.
Le groupe environnemental Canopée, qui est basé à Vancouver, a lancé une campagne mondiale contre les emballages de papier et de carton, affirmant que trois milliards d’arbres « disparaissent sous forme d’emballages » chaque année, l’industrie laissant « sur son passage des forêts dépeuplées, des systèmes forestiers dégradés, des espèces menacées et un climat de plus en plus instable ».
Canopée ne mâche pas ses mots. Mais est-ce la vérité? En ce qui concerne le Canada, cela est faux.
Pour un groupe basé à Vancouver, Canopée démontre une méconnaissance alarmante des faits concernant les emballages au Canada. Par exemple, la plupart des emballages de papier et de carton fabriqués par les usines canadiennes contiennent déjà 100 % de matières recyclées! Ils ne sont pas faits (comme le prétend Canopée) avec « l’habitat d’espèces en voie de disparition comme les orangs-outans ou les caribous ». Ils sont fabriqués à partir de boîtes usagées recueillies auprès des usines, des supermarchés, des bureaux et des foyers canadiens. Et ce depuis des années, y compris à Vancouver. Ces emballages n’ont donc pas une « empreinte écrasante » sur les forêts, la biodiversité et le climat du monde.
La petite quantité de fibres vierges qui est utilisée pour fabriquer des emballages de papier et de carton au Canada ne provient pas non plus des forêts « anciennes », dans le sens normal du terme. Pour la plupart des gens, « ancien » signifie vieux, voire très vieux. En fait, les forêts du Canada sont relativement jeunes; la plupart n’ont pas plus de 41 à 120 ans. Et puisque Canopée fait allusion à la forêt boréale canadienne, devinez quel pourcentage des arbres qui s’y trouvent ont plus de 200 ans : à peine 1 % (voir les données de l’Inventaire forestier national). Qualifier la forêt boréale canadienne d’« ancienne » est à la fois trompeur et exagéré.
De plus, Canopée omet, comme par hasard, de mentionner que de nouveaux arbres sont plantés pour régénérer la forêt. Au Canada, la loi provinciale exige que les zones exploitées soient régénérées avec succès après la récolte, soit naturellement, soit par des moyens artificiels (plantation et semis). Cela fait en moyenne plus de mille nouveaux semis par minute au Canada, soit 615 millions plantules par année venant compenser ce qui a été récolté
Loin de « laisser sur son passage des forêts dépeuplées » (comme le prétend Canopée), l’industrie de l’emballage de papier et de carton au Canada n’est pas responsable de la déforestation. La principale cause de la déforestation au Canada n’est pas la foresterie, mais plutôt la conversion des terres forestières en terres agricoles, et ce depuis des années. Canopée le sait, ou du moins cela lui a été dit à de nombreuses reprises.
Canopée laisse également l’impression que les boîtes de pizza et les boîtes utilisées pour l’expédition de marchandises sont utilisées une seule fois avant d’être mises au rebut. En fait, on estime qu’au moins 85 % des caisses de carton ondulé sont récupérées au Canada. Dans une province, le système de collecte résidentielle à l’aide des boîtes bleues permet d’envoyer au recyclage 98 % des boîtes de carton ondulé qui se retrouvent dans les domiciles. Cette boucle de recyclage continue maximise l’utilisation des fibres de papier et contribue à l’économie circulaire.
Autres faits sur la forêt
Voici d’autres faits sur la forêt canadienne que les dix fabricants (de vêtements pour la plupart) qui appuient la campagne de Canopée devraient connaître :
Le 0,2 % des forêts qui est exploité l’est principalement pour le bois d’œuvre (pour la construction de maisons, d’hôpitaux, etc.) et des volumes plus faibles sont récoltés pour les pâtes et papiers. La zone récoltée est assujettie non seulement aux pratiques provinciales de gestion durable des forêts qui comprennent la régénération obligatoire, mais aussi à des vérifications de certification par des tiers indépendants, y compris celles effectuées par un organisme de certification dont Canopée vante régulièrement les qualifications.
Le Canada est le chef de file mondial pour ce qui est de la quantité de forêts certifiées comme étant gérées de façon durable par un organisme indépendant. On y trouve actuellement plus de 37 % des forêts certifiées dans le monde.
Il y a une leçon à tirer ici pour tous les propriétaires de marques. Nous vous félicitons de vous engager dans des causes environnementales. Mais s’il vous plaît, veillez à ne pas vous laisser embarrasser publiquement en associant votre nom et votre crédibilité à des revendications fautives et trompeuses comme celle de Canopée. Les faits sont importants.
Il ne fait aucun doute que la déforestation est un grave problème mondial ayant des répercussions sur les changements climatiques. Les immenses incendies en Amazonie et en Indonésie n’en sont que les exemples les plus récents. En revanche, beaucoup d’informations erronées circulent au sujet de la déforestation ainsi que sur les endroits où elle se produit et sur ses principales causes.
Pour commencer, le simple fait d’abattre un arbre n’est pas un acte de déforestation d’après la définition des Nations Unies. Par contre, on se livre à la déforestation lorsqu’on enlève des arbres ou des forêts pour les remplacer par quelque chose d’autre. Pensons à la conversion des terres forestières pour faire place à des terres agricoles, des projets pétroliers et gaziers, de nouvelles maisons, des lignes hydroélectriques ou à des réservoirs, des stations de ski et des terrains de golf. En d’autres termes, on parle de déforestation quand la forêt disparaît pour de bon et qu’elle est peu susceptible de se régénérer.
Cela ne veut pas dire que les forêts du monde entier ne sont pas perturbées temporairement par des interactions avec la nature et les êtres humains. Les infestations d’insectes, les maladies et les feux de forêt se produisent naturellement depuis des milliers d’années. La forêt vierge parfaitement intacte n’existe tout simplement pas. L’activité humaine (par exemple, l’exploitation forestière) perturbe également la forêt, mais dans le cas du Canada, la loi provinciale exige que la forêt soit régénérée avec succès, soit naturellement, soit par des moyens artificiels (plantation et semis). Plus de mille nouveaux semis sont plantés chaque minute au Canada pour aider à régénérer ce qui a été récolté.
Le fait qu’on agisse ainsi au Canada contribue à expliquer pourquoi notre industrie forestière n’a été responsable que de 4 % du déboisement total du Canada en 2016 ; ces 4 % correspondent aux terres forestières utilisées pour l’aménagement de nouvelles routes d’accès forestières permanentes.
Les principales causes de la déforestation
En réalité, la plus importante cause de déforestation au Canada est la conversion des terres forestières en terres agricoles. Cela représentait les deux tiers de la déforestation totale du Canada en 1990. Aujourd’hui, ce type de conversion ne représente plus qu’un tiers de la déforestation. La deuxième cause majeure de déforestation est l’exploitation pétrolière et gazière (24 %), suivie par les nouvelles lignes hydroélectriques et les inondations liées aux réservoirs (12 %), l’exploitation minière pour le minerai et la tourbe (9 %) ainsi que le développement urbain municipal (9 %). Donc, si nous voulons réduire la déforestation au Canada, nous devrions d’abord nous concentrer sur les raisons pour lesquelles les terres forestières sont converties en terres agricoles (et sur les autres utilisations des terres mentionnées ci-dessus). Mais ça ne suffit pas. Nous devons également nous interroger sur notre consommation d’huile de soja et de palme importée, de bœuf, de bois et de pâte à papier. Ces produits, ainsi que le défrichement des terres forestières pour le pâturage du bétail et le bois de chauffage, sont les principales causes de la déforestation à l’échelle mondiale.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la déforestation, je me permets en toute modestie de vous suggérer la lecture de mon livre! (Deforestation in Canada and Other Fake News est disponible en anglais à l’adresse suivante : www.johnmullinder.ca). Mon livre traite du taux de déboisement au Canada, de l’histoire de la déforestation, de ses causes et de la façon dont le Canada se compare aux autres pays. Il présente également les faits essentiels sur la foresterie au Canada et s’attaque aux « autres fausses nouvelles » liées à de nombreuses allégations environnementales fausses et trompeuses, au manque de rigueur des médias et à l’écoblanchiment.
La plupart des matériaux d’emballage de papier et de carton fabriqués aujourd’hui par les usines canadiennes contiennent 100 % de matières recyclées. On ramasse les vieilles boîtes et les caisses de carton ondulé à l’arrière des usines et des supermarchés, le papier usagé est récupéré dans les bureaux et une vaste gamme de documents en papier sont recueillis et triés dans le cadre des programmes de cueillette résidentiels (boîtes bleues) partout au pays.
Ça n’a pas toujours été le cas, déclare John Mullinder, directeur exécutif du Conseil de l’environnement des emballages de papier et de carton (CEEPC), organisme qui assure le suivi et fait la promotion de la performance de l’industrie depuis 1990.
L’augmentation du contenu recyclé a suivi la migration des Canadiens vers les villes, où les usines ont la possibilité de récolter plus facilement la « forêt urbaine » de papier et de carton usagé. Au départ, les usines se concentraient sur le recyclage des caisses en carton ondulé usagées et du papier d’impression et d’écriture provenant des bureaux, puis elles se sont intéressées aux sources résidentielles (par l’intermédiaire des boîtes bleues) au fur et à mesure que les programmes de cueillette domestique se sont développés. En 1990, par exemple, la majorité des boîtes de céréales et des boîtes à chaussures se retrouvaient dans des sites d’enfouissement (même si elles sont faites à 100 % de matières recyclées). Le CEEPC et ses clients ont été des pionniers en Amérique du Nord dans le recyclage de ce matériau afin qu’aujourd’hui, environ 94 % des Canadiens sont en mesure de le recycler.
Usines d’emballage
La plupart des usines d’emballage au Canada produisent maintenant du carton à 100 % de contenu est recyclé. C’est ainsi que les usines ont été construites. Une poignée d’usines mélangent des fibres recyclés avec des résidus provenant des scieries (copeaux, rognures et sciure de bois provenant des opérations forestières) ou, s’il y a pénurie de résidus, avec des arbres fraîchement récoltés.
« Quand on additionne tous les chiffres, dit Mullinder, on voit que l’industrie canadienne n’utilise pratiquement pas d’arbres fraîchement récoltés pour fabriquer des emballages de papier et de carton. L’idée que nous allons en forêt avec une scie à chaîne chaque fois que nous voulons fabriquer du nouveau carton est totalement fausse. »
Selon la dernière enquête du CEEPC sur l’industrie, 2,1 millions de tonnes de carton recyclé ont été expédiées par les usines canadiennes vers les marchés intérieur et d’exportation en 2018. Environ 87 % de ce tonnage provenait d’usines qui fabriquent des produits fait à 100 % à partir de matières recyclées (papier de couverture, papier à canneler pour carton ondulé ou carton pour boîtes).
Pour de plus amples renseignements sur le contenu recyclé (sa définition, la façon de le mesurer, la signification des moyennes, la différence entre les matières recyclées avant et après consommation, les différentes catégories d’emballages, les besoins en matières vierges et la difficulté de réglementer les niveaux minimums de contenu recyclé), consultez la dernière version du document d’information du CEEPC Comprendre le contenu recyclé ou visitez le site Web du CEEPC au www.ppec-paper.com
Principaux résultats de l’enquête de 2018 du CEEPC sur le contenu recyclé
Livraisons des usines canadiennes (y compris le papier kraft) :
3,37 millions de tonnes
Livraisons de contenu en matières recyclées :
2,11 millions de tonnes (62,7 %)
Contenu en matières recyclées des usines produisant 100 % de contenu en matières recyclées :